Argumentaire Général du Forum

APPEL A LA PROMOTION DE L'APPROCHE MULTISECTORIELLE, INCLUSIVE ET SYNERGIQUE DE LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Hiro

Justification

En République Démocratique du Congo (RDC), la malnutrition constitue la cause sous-jacente de 31,5% des décès chez les enfants de moins de 5 ans. S 'il est établi que les retombées socio-économiques de l 'investissement dans la nutrition sont significatives et durables, la malnutrition en revanche, peut entraîner des répercussions graves sur les fonctions de l 'organisme et nuire au développement cognitif et mental de l 'enfant, à la productivité professionnelle des adultes et à la performance économique de tout un pays [1,2].

Au niveau national, les coûts estimés de la perte de productivité imputable à la malnutrition représentent entre 3 et 16% du PIB [3]. Aussi, plus de 82% d 'enfants de moins de 5 ans sont-ils exposés à la menace d 'un développement sous-optimal avec comme conséquences la perte de salaire à l 'âge adulte et un penchant accru à la violence, à cause de la prévalence élevée des facteurs menaçant leur bon développement — retard de croissance (41,7%), faible poids de naissance (10%), maternité précoce (13,3%) et pauvreté extrême (86%). L 'amélioration de l 'Objectif de Développement Durable 2 (ODD2) a un impact sûr sur les autres ODD : la nutrition jouant le rôle de catalyseur [4].

En RDC, la malnutrition se présente sous différentes formes : la sous-nutrition, la surnutrition et les carences en micronutriments. Les personnes touchées par les carences en micronutriments souffrent de ce que l 'on appelle «la faim cachée » : elles consomment suffisamment de calories, mais certains micronutriments vitaux, notamment la vitamine A, le fer, l 'iode ou le zinc, leur font défaut [5].

La lutte contre les problèmes nutritionnels est essentiellement portée par le secteur de la santé, à travers le Programme National de Nutrition (PRONANUT) appuyé par plusieurs Partenaires Techniques et Financiers. Etant donné que la majorité des financements sont encore orientés sur l 'aspect curatif et moins sur la prévention, les interventions de lutte contre la malnutrition ont été jusque-là plus spécifiques et ciblent surtout les causes immédiates de la malnutrition. Celles ciblant les causes sous-jacentes (accès à l 'eau, insécurité alimentaires, …) sont négligées. Aussi note-t-on que les interventions sont plus menées dans les zones d 'urgence humanitaires et/ou zones de « relèvement communautaire » que dans les zones de développement.

Néanmoins, grâce à tous ces efforts, des progrès significatifs ont été notés dans la réduction de la malnutrition. Chez les enfants de 6 à 59 mois : l 'insuffisance pondérale a chuté, passant de 34% en 2001 à 23,3% en 2018, et l 'émaciation, de 21% en 2001 à 5.6% en 2018.

Toutefois, malgré ces avancées, la prévalence du retard de croissance a peu régressé stagnant de 46% à 42% sur la même période [3]. Elle augmente avec l 'âge : de 15% à moins de 6 mois, elle atteint son niveau le plus élevé (54%) à 36 à 47 mois. Elle est faible dans les ménages de quintile de bien-être économique le plus élevé (23%), et très élevé pour le quintile le plus bas (50%) [6]. Les provinces les plus affectées sont le Kasaï, le Kasaï-Central, le Kasaï-Oriental, le Kwango, le Kwilu, le Sud-Ubangi, le Nord-Ubangi, la Mongala, le Tshopo, le Bas-Uele, l 'Ituri, le Lomami, le Haut-Lomami, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema, le Sankuru, le Lualaba et le Tshuapa ; avec des prévalences supérieures à la moyenne nationale depuis quinze ans [6].

Chez les femmes en âge de procréer, la prévalence de l 'anémie est encore très élevée [7–10]. En 2014, on notait que deux femmes sur cinq étaient atteintes d 'anémie (38%) [6]. Aussi, bien que les données nationales sur la prévalence de faible poids de naissance soient très éparses, l 'on notait jusqu 'en 2015 que 10,8% des naissances étaient de faible de poids [11].

De surcroit, les maladies chroniques et nutritionnelles ―liées au mode de vie et aux habitudes alimentaires― qui étaient jusque-là plus prévalentes dans les pays riches, prennent de plus en plus d 'ampleur en RDC. Selon les données de l 'OMS de 2016, ces maladies ont une prévalence variable ―10% pour les maladies cardiovasculaires, 5% pour les cancers, 2% pour les affections respiratoires, 1% pour le diabète et 10% pour les autres maladies non transmissibles. Les données de la Banque Mondiale de 2019 montrent que leur part dans la mortalité de l 'adulte a augmenté de 28% à 34% entre 2016 et 2020 [12].

Concernant les déterminants, il existe plusieurs facteurs interdépendants et responsables de la malnutrition à différents niveaux ―immédiats, sous-jacents et fondamentaux. Les causes immédiates sont liées à des apports alimentaires inadaptés ainsi que les maladies infectieuses et parasitaires. Les causes sous-jacentes comprennent une combinaison de facteurs liés à la sécurité alimentaire, aux inégalités de revenus et de genre, aux pratiques de soins de santé inadéquates, d 'assainissement, d 'eau et d 'hygiène, à la protection sociale et à l 'éducation [13].

Les causes fondamentales sont systémiques, multiformes et interdépendantes. Elles comprennent les structures économiques et sociétales qui limitent ou empêchent l 'accès aux ressources et aux services pour une nutrition adaptée, favorisant ainsi la pauvreté et creusant les inégalités comme par exemple, le difficile accès des femmes à l 'éducation. Enfin, les conflits et le changement climatique ont aussi des répercussions sur la disponibilité des aliments et l 'accès aux denrées alimentaires. L 'appauvrissement de la biodiversité entraîne la raréfaction de variétés riches du point de vue nutritionnel, et avec elle, des conséquences certaines sur la nutrition des populations.

Cette diversité des déterminants implique qu 'il faut une approche multisectorielle et inclusive pour lutter efficacement contre la malnutrition. En effet, la malnutrition aiguë se traite. Le traitement est parfois indispensable et peut sauver des vies, mais il est préférable d 'empêcher la survenue de la malnutrition aiguë. La lutte contre la malnutrition aiguë est cruciale dans certaines situations critiques consécutives à des conflits, des catastrophes naturelles ou des crises économiques. Pourtant, la malnutrition existe également dans des situations plus stables ou pour les urgences nutritionnelles dites « chroniques ».

Les enjeux de nutrition ne sont donc pas seulement une question de santé publique ou d 'alimentation, mais une question de développement liée à plusieurs autres secteurs et domaines. Les interventions axées sur la malnutrition aiguë doivent être des mesures de soutien et ne peuvent en aucun cas remplacer les actions à long terme menées contre les causes sous-jacentes de la malnutrition. La malnutrition chronique, conséquence de la combinaison de toutes ces causes, peut devenir irréversible si elle n 'est pas traitée de manière adéquate. Des interventions multisectorielles doivent permettre de l 'éviter au cours des 1000 premiers jours de vie. Cela exige la promotion des pratiques optimales d 'alimentation maternelle, des adolescents, du nourrisson et des jeunes enfants, en faisant le lien entre la nutrition et les comportements sanitaires associés tout au long du cycle de vie.

Opportunité pour le plaidoyer

Du 05 au 07 Octobre 2023, sous le haut-patronage du Président de la République, Son Excellence Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, la République Démocratique du Congo organise le Forum National de Nutrition (FNN) dont le thème principal est :

Appel à la promotion de l 'approche multisectorielle, inclusive et synergique de lutte contre la malnutrition en RDC

Cet important évènement regroupera non seulement les partenaires techniques et financiers de la RDC dans le domaine de la nutrition, mais aussi les acteurs clés de tous les secteurs étatiques et privés sensibles à la nutrition. L 'objectif principal de ce forum est de mener un plaidoyer vigoureux pour mobiliser les parties prenantes de tous les secteurs sensibles à la nutrition pour l 'amélioration de la situation nutritionnelle de la population en RDC, à travers une approche multisectorielle, inclusive et coordonnée de lutte contre les problèmes nutritionnels en RDC.

Au cours de ce FNN, plusieurs programmes scientifiques permettront d 'organiser les échanges entre les différentes parties prenantes, notamment :

  • Il s’agit des présentations orales orientées par des objectifs spécifiques prédéfinis. Le FNN prévoit deux conférences de haut niveau sur :
    1. La situation nutritionnelle de la population en RDC et la réponse nationale
    2. Les lignes directrices globales et la valeur ajoutée de l’approche multisectorielle des problèmes de nutrition dans les pays à faible revenu ; la capitalisation des expériences (aux niveaux régional et national) d’approches de financement de la lutte contre les problèmes de nutrition par une approche multisectorielle – engagement des gouvernements et des PTFs.
  • Il s’agit d’une communication sous forme d’un groupe de discussion guidé. Tous les panels se dérouleront en plénières. Une présentation principale de 15 minutes sera faite par l’expert-paneliste, suivies des échanges entre un modérateur et les experts-Paneliste, pendant 70 minutes. Les questions, au préalable partagées avec les experts, insisteront sur les objectifs spécifiques pour chaque panel, avec un nombre de questions attendues par paneliste (2 à 3 questions). Le modérateur sera chargé de poser ces questions aux membres de l’équipe. Après les réponses aux questions préparées, la parole sera accordée à l’assemblée pour des questions libres aux panelistes (5-7 questions).
    1. Triple fardeau de la malnutrition : de l’approche sectorielle à l’approche multisectorielle pour lutter efficacement contre la malnutrition en RDC
    2. Interventions innovantes qui peuvent révolutionner la réponse aux problèmes de nutrition : capitaliser les bonnes pratiques dans le domaine des interventions nutritionnelles au niveau national et africain
    3. Plan National Stratégique Multisectoriel de Nutrition : plan national d’investissement 2023-2030 pour la Nutrition en RDC
  • Il s’agit des sessions présentant principalement les résultats et les expériences de mise en œuvre des approches et interventions nutritionnelles. Le FNN 2023 recherche des idées et des expériences de mise en œuvre passionnantes qui permettront d'améliorer la réponse aux problèmes nutritionnels dans ses aspects multisectoriels, et ses interactions avec d’autres domaines de développement en liens avec les Objectifs de développement durables (ODD) en RDC et en Afrique.

    Les responsables de mise en œuvre et les scientifiques peuvent soumettre leurs résumés à un ou plusieurs thèmes ci-dessous.
    Sous-thèmes :

    1. Stratégies et approches innovantes d’offre des soins de santé et de prise en charge nutritionnelle
    2. Promotion des Pratiques Familiales Essentielles
    3. Disponibilité et accès aux aliments diversifiés, y compris aux aliments bio-fortifiés et fortifiés et le recours aux aliments locaux
    4. Urgences nutritionnelles et la résilience des populations
    5. mhealth et système d’information et gestion des connaissances en nutrition
    6. Gouvernance et coordination multisectorielle de Nutrition
  • Les tables rondes du forum présentent des occasions essentielles pour promouvoir la nutrition en tant que priorité nationale durable. Elles intègrent le Plan National Stratégique Multisectoriel de Nutrition (PNSMN) dans l'agenda politique, sollicitent des engagements et mobilisent les ressources nécessaires pour sa mise en œuvre. De plus, elles visent à étendre la portée des interventions nutritionnelles spécifiques à travers divers secteurs gouvernementaux et partenaires.
    Deux tables rondes, chacune ayant des objectifs distincts, seront organisées et modérées par des personnalités de haut niveau.

    La première évalue l'application des engagements internationaux du gouvernement congolais en nutrition, ciblant les partenaires et membres du gouvernement. La seconde, centrée sur le financement du PNSMN, cherche à mobiliser des ressources pour sa mise en œuvre en partageant la vision gouvernementale, présentant les lacunes financières et suscitant l'engagement de tous les secteurs et partenaires pour garantir l'allocation de ressources.
    En somme, ces tables rondes renforcent l'engagement envers la nutrition et promeuvent son intégration dans les objectifs de développement durable.

  • Le Moment de Science et de Technologie (MST), également connu sous le nom de "Market Stands Technique", joue un rôle crucial en rassemblant la communauté nationale, régionale et mondiale pour aborder les enjeux nutritionnels en RDC et dans la région africaine.

    Cet événement promeut un esprit optimiste et une pensée collective innovante en présentant des solutions novatrices aux défis majeurs de la nutrition. Le MST poursuit divers objectifs, dont l'élargissement de la portée des fournisseurs sur le marché, la facilitation de la comparaison des offres pour les acheteurs, la promotion de l'innovation et la création de synergies entre acheteurs et vendeurs.

    Au cœur du MST se trouvent les expositions et les démonstrations, offrant aux participants du FNN des opportunités d'apprentissage et d'inspiration. Les présentateurs mettent en avant leurs interventions et innovations dans des domaines tels que l'alimentation, la technologie et la littérature. Les démonstrations, d'une durée d'environ dix minutes, se déroulent à des tables disposées stratégiquement, offrant aux participants la chance de découvrir diverses solutions. Les innovations englobent des produits novateurs, des approches de prestation de services, des solutions numériques et d'intelligence artificielle, visant à améliorer la réponse aux problèmes nutritionnels.

    Le FNN invite activement les Partenaires Techniques et Financiers (PTF), les scientifiques, ainsi que les entreprises commerciales et pharmaceutiques à présenter leurs produits, publications et technologies qui contribueront à renforcer la lutte contre les problèmes nutritionnels en RDC et dans la région.

    Détails Logistiques et Organisation

    Les panneaux d’affichage au format portrait de 220 cm de haut et d'une superficie d'affichage de 147 cm x 97 cm, positionnés derrière la table, seront gérés par l'exposant.
    Chaque organisation a droit à un exposant, dont le nom doit être communiqué à l'organisation avant le 25 septembre 2023. Les besoins en fournitures supplémentaires doivent être préalablement soumis au Comité Technique Préparatoire pour approbation et facturation si nécessaire. Seul ce comité est autorisé à fournir des éléments supplémentaires.
    L'exposant est responsable de sa prise en charge, tandis que la FAPLO(FOIRE DES ALIMENTS ET PRODUITS LOCAUX) mettra à disposition un exposant-accompagnateur pris en charge par le Comité Technique Préparatoire.

    Les participants venant de l'extérieur de Kinshasa et souhaitant participer à l'exposition devront prendre en charge leur transport, les billets et les frais de séjour, gérés par l'organisation soumissionnaire.
    Étant donné que l'espace réservé aux stands d'exposition est limité, toutes les demandes seront évaluées et seules les demandes sélectionnées seront honorées.

    Nous vous encourageons à réserver la place pour l’exposition de vos produits.